Parce que j'ai vraiment aimé "Couronnes boucliers armures".
Parce que j'ai envie de profiter complètement de ma rencontre avec Louise Desbrusses mardi prochain, j'ai lu son 1er roman.
La narratrice est une artiste, amoureuse d'un autre artiste.
Difficile de vivre de leurs oeuvres.
Alors elle va travailler. Pas longtemps. Le temps de récolter un peu d'argent.
Mais ce temps-là ronge sa créativité, anéantie son énergie et sa personnalité, détruit toute sa joie de vivre.
L'urgence ne serait-elle donc pas de sacrifier ce boulot gagne-pain pour se retrouver?
Comment avoir la force, la motivation de crier "NON"?
Ce livre ne fut pas un coup de coeur: ce fut une fascination.
L'écriture de Louise Desbrusses est extraordinaire, et cet adjectif n'est même pas assez fort.
Elle ne ressemble à aucune autre: phrases non construites qui deviennent nos propres pensées, entrecoupées de parenthèses qui sont comme la petite voix raisonnant en nous, quand on se ment.
Une structure qui transforme les mots en coups de poing.
Qui m'ont meurtrie.
Qui meurtriront tous ceux qui subissent, peu à peu, toutes les conséquences d'un boulot gagne-pain.
Cette impression déprimante de gaspiller, au travail, son temps imparti ici bas.
Ce besoin de solitude, d'isolement qui remplace insidieusement celui de la sociabilité, du partage.
Cette difficulté croissante à exprimer ses besoins, ses attentes auprès de l'autre.
Ceux qui prennent conscience qu'ils se perdent, se noient...
Et si vous avez la chance de ne pas être de ceux-là, alors les "mots-coups de poing" vous couperont le souffle. Parce qu'un talent pareil ça vous époustoufle forcément.
L'avis de tous les membres du comité de lecture fut unaniment admiratif.
La rencontre avec Louise Desbrusses promet d'être "émotionnelle"....
Je recopie ici la 4ème (un extrait), pour vous donner une idée de l'écriture...
On est ce qu'on fait. On le fait. Puis on le devient. Vous allez chercher ce travail. Vous accepter ce travail (vous détester ce travail). Quand il s'agit d'être raisonnable, jamais vous n'hésitez. (N'hésitez-vous pas?) Non. Tenir. L'argent, l'urgence. Vous tiendrez, croyez-vous (croire, vous aimez). Tiendrez-vous? Vraiment: tiendrez-vous? Tenir. Ne pas tenir. N'existe-t-il pas autre(s) chose(s). Pensez-y. (Y pensez-vous?) Vos rêves, égoïstes, fantaisistes, irréalistes (qu'ils disent. Tous). Vos rêves. Laisserez-vous vos rêves. Agir.
Edit de samedi: Laure l'avait lu il y a plus de 2 ans. Elle était restée hermétique à l'écriture de Louise Desbrusses. Elle avait, elle aussi, publié la 4ème et à l'époque l'extrait me paraissait imbuvale. Comme quoi...;-)
Editions P.O.L
Crédit couverture: Editions P.O.L et Fnac.fr