« L’affaire du petit Grégory Villemin » romancée, je ne m’y serais, sans doute, pas intéressée. Les reprises de faits divers médiatiques très peu pour moi, surtout si elles ne servent qu'à "mettre de l'huile sur le feu" ou à relancer un écrivain en perte de tirages. Mais là c'est écrit par Philippe Besson. J’aime tellement cet auteur que j’ai décidé de continuer à lui faire confiance et de lire son livre. Après tout, avant lui Emmanuel Carrère (entre autres) avait bien publié, après les excellents « La moustache » et « La classe de neige », « l’adversaire » que j'avais bien aimé.
J'ai été vite rassurée: je n' ai lu aucune révélation pouvant susciter un quelconque scandale.
Comment, alors que le lecteur connaît toute l’intrigue, son début, ses rebondissements et son dénouement, peut-il être captivé par sa lecture ? Je ne connais pas la réponse, je peux juste signaler que cette aberration est possible. Peut-être parce qu'alors ne restent, pour le lecteur, que les émotions brutes. Mais encore faut-il que l'auteur soit capable de les provoquer. Et voilà comment j'ai retrouvé le talent de Philippe Besson. C’est incroyable la gamme de sentiments que m’a offert ce roman. La gorge nouée et le ventre douloureux j'ai subit l'assaut d'explosions de compassion, d'envies de révolte, d'accès de colère, de bouffées de malaise. Sa lecture ne m’a rien épargné !
Monsieur Besson, je vous salue bien bas. Ceux qui critiquent votre décision de rédiger une fiction "tirée d'un fait réel" sont, peut-être, tout simplement incapables d'être réceptifs à la beauté de votre écriture.
(Grasset)