Quand j'ai vu ce livre de Philippe Routier au "Boulinier", je me suis rappelé les avis de Clarabel et de Laure qui m'avaient mis l'eau à la bouche et l'ai vite pris en main avant que n'importe quel autre client boulimique ne s'en empare!
Guillaume aime les gares, les trains depuis toujours et son métier d'aiguilleur lui convient parfaitement. Un peu moins à sa compagne Alice: ce bas d'échelon et les contraintes nocturnes lui pèsent. Par laxisme plus que pour la satisfaire, Guillaume prend un poste plus valorisant à la SNCF. Celui de conducteur, celui qui va le mettre aux commandes d'un convoi obligé de passer le passage à niveau 515 au moment même où Manon le traverse au volant de sa 405...
L'accident n'est pas le vecteur du roman. Peu de suspense avant et pas de révélation extraordinaire après. L'histoire repose sur les hommes et les femmes. Ceux qui n'ont rien pour alimenter leur vie. Pas de réels centres d'intérêts, pas de passions, même pas d'amour fort. Ils se retrouvent sans emploi et végètent devant leur fenêtre. Ils partent en week-end amoureux et pourtant ne se créent aucuns jolis souvenirs. Ils touchent le RMI et deviennent végétatifs. Ils écoutent les mêmes auteurs-interprètes et ne s'ouvrent à aucune autre musique. Vies plates, vies ternes où, quand une avalanche de coïncidences provoque un hasard catastrophique, la culpabilité va s'infiltrer.
Ce livre est un premier roman d'un Monsieur dont l'écriture sobre m'a fait penser à l'univers de Philippe Claudel. Bien sûr, cette comparaison n'engage que moi... mais est faite, par contre, pour vous engager, vous, à le lire. A le lire lentement, pour vous imprégner de son ennui triste et le refermer heureux d'être un insatiable lecteur enfiévré et enthousiasmé.
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Crédit photo couverture: Edition Stock et Fnac.fr