Dans la liste proposée, j'ai choisi ce récit d'Eric Fottorino en souvenir de "Caresse de rouge": un roman fort qui m'avait bouleversée, il y a quelques années.

A plus de 70 ans, Michel Fottorino, père de l'auteur, a mis fin à ses jours. Son fils éprouve une douleur proportionnelle à tout l'amour qu'ils pouvaient avoir l'un pour l'autre. Une douleur proportionnelle à toute l'admiration qu'il avait pour son papa.
Au coeur du deuil il ne veut surtout pas l'oubli: "si je ne fais pas quelque chose, vite, sa vie entière va disparaître avec lui." . Alors il fait quelque chose: il publie 148 pages de souvenirs.
Entendre un homme parler de ses émotions et de ses douleurs, savoir qu'il peut pleurer: moi, ça m'émeut toujours. C'était donc couru d'avance: cet amoncellement d'amour filial ne pouvait que me plaire.
D'autant plus que l'écriture simple offre une lecture fluide, sans entrave pour le ressenti.
Pourtant au-delà de la beauté de cette complicité affecteuse reste la partialité du texte. Et là franchement, j'ai trouvé que le "trop bien" cassait l'émouvant. Occulter ses défauts m'a rendu ce père trop irréel. Je pense que mon émotion aurait été plus dense si le côté sombre de l'homme (parce qu'on sait tous que personne ne peut avoir toutes les qualités, n'est-ce pas?!) avait été un peu plus qu'effleuré en quelques lignes, dans les dernières phrases.
Mais sans doute est-ce le propre de tout deuil d'idéaliser le souvenir...
Un récit coup de coeur pour Sylire, très émouvant pour Jules et Cathulu.
Antigone s'est sentie gênée par un sentiment de voyeurime.
Merci aux organisateurs de cette proposition.

Editions Gallimard
Crédit couverture: Editions Gallimard et Fnac.fr