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Interview de Pierre Charras

Interview de Pierre Charras  (Site de la Fnac)


Pierre Charras signe avec Dix-neuf secondes un bouleversant roman sur le thème de la séparation amoureuse et du surgissement apocalyptique de la mort au coeur du quotidien. Rencontre avec le deuxième lauréat du prix du Roman Fnac 2003.

Que représente pour vous l'obtention du Prix Roman Fnac ?
J'y suis extrêmement sensible parce ce que si la Fnac est un magasin, c'est également un lieu de lecture. C'est un endroit où l'on voit des gens rester pendant des heures devant des livres ouverts, où l'on voit des enfants assis par terre dévorer des bandes dessinées. Ça me rappelle ma jeunesse, lorsque je n'avais pas de sous et que j'allais à la librairie. Il n'y avait pas de Fnac à l'époque, et j'avais un libraire complice. Nous venions à plusieurs, tous les jours, pendant une heure environ, et nous lisions les livres parce que nous ne pouvions pas les acheter. Certains exagéraient, ils faisaient des marques pour retrouver leurs pages le lendemain? Donc la Fnac c'est un peu ça, c'est le symbole de la lecture. Pour moi, c'est primordial.

Êtes-vous sensible au fait que ce prix soit décerné par un jury n'appartenant pas au monde de l'édition ?
C'est important parce que contrairement à certains jurys, celui-ci est exclusivement composé de lecteurs. Comme ils n'ont rien à gagner, cela donne à ce prix une tout autre saveur.

Quelle est la genèse de Dix-neuf secondes ? Êtes-vous particulièrement attaché à la thématique de l'attentat ?
Je ne suis pas attaché à la thématique de l'attentat, mais à celle du deuil. Mes livres sont sur le manque, sur l'absence, sur le deuil. Il est vrai que lorsque l'on écrit un livre, il s'agit souvent d'une terreur, d'une peur ou d'une angoisse que l'on a eue plusieurs années auparavant. Dix-neuf secondes correspond aux attentats du RER Saint-Michel. J'ai pensé à cette mort-là, non pas à la mienne, mais à la mort de l'autre. Ce qu'on n'a plus le temps de se dire. Mon livre présente des gens qui ont dix-neuf secondes à vivre et qui ne les vivent pas. Ils se souviennent d'avant, ils se projettent après, mais ils ne vivent pas le présent. C'est quelque chose qui me semble nouveau. Dans les temps anciens il y avait l'agonie, la maladie ou la vieillesse, on avait le temps. Là, il y a une telle violence que cela vous prend par surprise. Cela m'intéressait d'écrire là-dessus, sur ces gens qui ne vivent pas. Il se trouve que j'ai perdu beaucoup d'amis ces dernières années et ces amis, qui étaient malades, savaient vivre. Il leur restait six mois, un an, deux ans à l'époque, et ils les vivaient entièrement. Mes personnages, et c'est là la grande injustice en dehors de la violence, ne vivent pas leur vie jusqu'au bout. Mourir est une chose terrible, mais si la mort est prévue, il est au moins possible de s'organiser, de faire un tout avec sa vie. De la même manière que pour un écrivain, on peut faire un tout avec son ?uvre.

Est-ce la principale réflexion que vous souhaitez provoquer chez vos lecteurs ?
Oui, c'est ce que je souhaite partager avec eux. Je veux partager cette sorte d'inquiétude très nouvelle qui fait qu'il ne faut pas perdre de temps. Je pense fondamentalement qu'il n'y a plus d'avenir. Il en existe peut-être un, mais peut-être pas. Il faut commencer à voir la vie autrement.

Propos recueillis par Sandrine Fillipetti

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M
Ce livre m'a beaucoup touchée. Je l'ai lu il y a deux mois, j'avais trouvé l'histoire du couple originale : descendra ? descendra pas ?Je ne savais pas du tout que c'était à propos d'un attentat (pour une fois que la quatrième de couverture n'en révélait pas trop !).
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